FLAVIEN BERGER         

vendredi 25 octobre 2019

Le Minotaure

Puzzle mélodique / Variété d'après-demain / Fournisseur d'images mentales

La chanson Française a cette tradition de pouvoir être casse bonbons. Repliée sur elle même, pleurnicharde, se refusant à l’accessibilité ou au contraire la tordant au point extrême d’être inaudible à ne vouloir rien dire. Flavien Berger a compris une donne essentielle à la mode : elle n’a aucun sens. Ce qui est en haut des podiums un jour sera ringard le lendemain, ce qui est
moqué sera ensuite réconfortant. Il n’est pas le geek à contre-temps comme le titre de son second album pourrait affirmer (il faut par contre écouter cette chanson titre, croisière de 13 minutes en duo avec Bonnie Banane qui synthétise toutes ses intentions). Son disque il le décrit comme « le voyage d’un chevalier en automobile qui écoute du R’n’B psychédélique à la radio ». Flavien Berger en réalité construit une oeuvre, avec des chapitres, des entrées et sorties de scène, soigne ce qu’on a tendance à oublier à l’heure du streaming : le détail. Ce n’est pas un bricoleur de génie,
simplement un obsédé de la bonne virgule mélodique, il est le Géo Trouvetout de la Bande à Picsou. Comme lui il a accepté que tout ne doit pas être utile, efficient. La beauté se réside dans la perfection de l’imperfection, les accidents, les plages électroniques trainantes qui juxtaposent les bombes d’efficacités de 3 minutes chantant l’amour. Un chevalier que les Monty Python
n’aurait pas renier, l’absurde a son nouveau roi.